"écriture 2"
la semaine dernière -et je vous remercie de vos chaleureux commentaires- vous avez été nombreux à réclamer une suite à mon premier texte-atelier d'écriture chez Filamots... la suite...la voici...
j'espère que vous l'apprécierez...je me suis amusée cette fois encore à l'écrire...
je reviendrai peut-être en 3 ème semaine qui sait ;o))))))))
retrouvez la proposition n°2 ici sur le blog de Filamots
cette semaine les mots à utiliser sont :
texte n°2
... 'S'il y avait une chose qui la mettait hors d'elle, la vieille, c'était bien la mauvaise foi. Quand elle avait l'estomac dans les talons elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce jour de l'année passée où une épicière du village de l'Orée-du-Bois lui avait vendu -nous dirons par mégarde mais allez donc savoir avec tout ce qui se passe dans ces contrées reculées- un bocal d' eau-de-vie de poires frelatée.
Elle avait la mémoire vive la vieille et la rancune tenace....et un penchant certain pour le 'jus de fruits'...
Plus son estomac tiraillait, plus elle ruminait, elle fulminait même... Des bribes de mots, incompréhensibles, sortaient par volutes de sa gigantesque bouche tandis qu'elle faisait de grands pas à travers sa minuscule cabane. Tout en agitant les bras elle poussait d'étranges sons, on sentait qu'à l'intérieur un orage menaçait... Le chat de la maison, jusque là blotti langoureusement dans ce qui lui servait de panier, informe mélange d'étoffes diverses -restes des tenues de gloire que sa maitresse avait portées et que le temps avait vaincus et mis en lambeaux- venait de sursauter. Il avait fait un bond soudain pour se mettre à l'abri, -de peur de se faire désintégrer- des rayons fulgurants projetés par les yeux de la vieille.
Dans son sursaut qui se voulait salvateur le chat s'était pris les pattes dans le fil des pensées de la vieille, il faut bien dire qu'à ce moment ce fil était si épais, si dense qu'il était difficile de l'éviter, même pour un chat! Tout empêtré qu'il était, il avait entrainé dans sa chute la gamelle de vieux métal jauni qui, en retombant sur le sol avait produit un bruit tel que le chat ne savait plus si il devait rester là sans bouger la moindre patte ou courir se cacher dans le premier trou à rats.
La vieille, interrompue par tant de vacarme, revint tout soudain de ses pensées. Voyant son chat ainsi interdit elle en fut tout d'abord surprise puis terriblement désolée...
Elle s'était promis à maintes reprises d' empêcher ces pensées négatives de l'entrainer vers le bas et la décrépitude mentale qu'elles ne manquaient pas de provoquer. A l'avenir elle devrait édifier un rempart de l'esprit pour s'en préserver.
Une fois encore elle regarda le chat qui la fixait toujours de ses yeux mis-clos et interrogateurs, puis, se mit à rire, de son gros rire de vieille chasseuse de dragon et son rire emplit de sa résonnance chaque parcelle de la forêt faisant vibrer à son passage chaque brindille, chaque brin d'herbe et toutes les feuilles naissantes du printemps qui baillait encore.
La vieille riait si fort et de si bon coeur qu'elle en bavait, elle en pleurait presque -elle failli même mourir étoufée sous ses puissants hoquetements c'est pour dire!!!
Cette fois encore, ce fut son estomac qui la ramena à la raison.
Elle se mit à préparer le souper, un solide souper de vieille chasseuse de dragon et versa du lait crémeux au chat.
Aux premières notes du fumet de son diner échappées dans la forêt le calme revint et le charme de l'endroit recommença d'agir!'